La retraite en Afghanistan n’est pas la fin de l’interventionnisme occidental

Si le retrait en Afghanistan est un échec tactique, il fait sens au niveau de la stratégie globale américaine qui cherche à se concentrer sur des menaces plus conséquentes et urgentes comme la Chine.

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La retraite en Afghanistan n’est pas la fin de l’interventionnisme occidental

Publié le 27 août 2021
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Par Alexandre Massaux.

Malgré la situation en Afghanistan, il apparaît peu probable que les puissances occidentales renoncent à leur force militaire pour régler les nombreux conflits dans le monde. En outre, le retrait américain doit être interprété comme un repositionnement stratégique pour se concentrer sur la Chine. 

Le retrait américain et le chaos engendrés par le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan ont suscité de nombreuses réactions. Comme à d’autres occasions passées, certains y voient la fin de la pax americana voire de l’OTAN. Pour autant, la réalité risque d’être plus complexe.

Les conflits ne vont pas disparaître, tout comme l’interventionnisme occidental. De plus, si le retrait en Afghanistan est un échec tactique, il fait sens au niveau de la stratégie globale américaine qui cherche à se concentrer sur des menaces plus conséquentes et urgentes comme la Chine.

De nombreux conflits actuels ou gelés vont pousser à l’interventionnisme des Occidentaux

Un certain nombre de régions et de pays sont sous tension voire servent de champ de batailles pour des conflits armés. Qu’il s’agisse du Sahel ou de la Syrie, ces terrains restent des zones d’affrontements. L’Occident va avoir du mal à se désengager de celles-ci.

Si une partie des interventions militaires est présentée politiquement à travers des motifs idéologiques, la majorité de celles-ci reste motivée par des intérêts nationaux. De ce fait, les gouvernements occidentaux ne resteront pas spectateurs.

Il est néanmoins probable que le mode d’opération soit différent que celui utilisé en Afghanistan. Des déploiements reposant davantage sur les Forces Spéciales sont une tendance en développement. D’autant plus que les conflits hybrides deviennent un type de conflit de plus en plus commun.

La guerre contre le terrorisme laisse la place à la guerre froide contre la Chine

Le président Biden n’est pas le premier à vouloir se désengager du Proche et Moyen-Orient. Cette région a peu à peu perdu son importance stratégique pour les États-Unis. Déjà sous la présidence Obama, les discours portant sur le désengagement étaient courants.

Donald Trump alla plus loin en 2019 en retirant les troupes américaines en Syrie, ce qui provoqua l’indignation des alliés et la démission de son secrétaire de la défense, le général James Mattis. Le président Trump se montra aussi favorable à un retrait en Afghanistan et engagea des négociations avec les talibans. À cet égard, Joe Biden ne fait que continuer la politique de ses prédécesseurs.

Cette perte d’intérêt par les dirigeants américains n’est néanmoins pas étonnante. Elle s’explique par deux phénomènes : l’enlisement et la montée en puissance de l’Asie et en premier lieu la Chine. Le Pacifique est devenu un terrain stratégique bien plus important pour les États-Unis. De fait, Washington s’y est fortement intéressé depuis le début du XXIe siècle.

Dès 2001, un document du Coucil of Foreign Affairs proposant une réorientation stratégique des États-Unis vers le Pacifique avait déjà été soumis au président Bush nouvellement élu. L’idée était qu’au début des années 2000 l’Asie présentait déjà des grandes opportunités stratégiques et économiques, tout en étant le cÅ“ur d’enjeux importants. Si la guerre contre le terrorisme a occupé l’administration Bush, ses successeurs se sont concentrés sur le pivot asiatique.

Dans un tel contexte, il ne faut pas s’étonner que les interventions au Moyen-Orient soient perçues de plus en plus par Washington  comme des opérations détournant les États-Unis de leurs principaux intérêts, comme contrer l’influence grandissante chinoise. D’autant plus que l’Empire du Milieu se montre de plus en plus actif (comme le montre la prise de contrôle de Hong Kong) et de mieux en mieux armé.

Il est donc fort probable que les États-Unis ne se retireront pas aussi facilement des pays du Pacifique.

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